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Agriculture régénératrice : les leviers fondamentaux actionnés par Reforest’Action

Décryptages

Dans le cadre de son offre d’agriculture régénératrice, Reforest’Action soutient ses clients dans le développement de projets sur mesure, développés pour s’inscrire au cœur de leur chaîne de production, dans leurs parcelles agricoles ou celles de leurs partenaires. Notre expertise, combinée à un large périmètre d’action, nous permet d’activer différents leviers qui produiront des impacts positifs sur la santé des sols, le climat, la biodiversité et les communautés agricoles. Notre rôle est d’accompagner les parties prenantes dans l’ensemble des étapes de mise en œuvre d’un projet régénératif : études de terrain, design, travaux, monitoring et mesure d’impacts. En zones tempérées comme en zones tropicales, les projets que nous développons s’appuient sur une démarche pragmatique, basée sur la science et l’expérimentation. L’étude de faisabilité, qui est réalisée préalablement à la mise en place d’un projet et regroupe les jalons de conception essentiels, se termine par une liste des propositions de leviers à mettre en œuvre. Ces derniers sont donc le résultat d’un travail de fond effectué en amont. Spécifiques à chaque contexte, ils doivent permettre à la fois de garantir la résilience et la stabilité des écosystèmes agricoles et de maintenir la viabilité économique des exploitations de culture ou d’élevage.

« Après la faisabilité, il nous faut valider les hypothèses. À partir du moment où le porteur de projet est en adéquation avec nos propositions, nous pouvons mettre en place les leviers envisagés sur une petite surface, appelée projet pilote, pour définir s’ils sont envisageables et équilibrés d’un point de vue environnemental, social et économique », indique Jean-Christophe, Project Manager chez Reforest’Action. Il s’agit donc de déployer sur le terrain les solutions identifiées au préalable et d’ajuster leur design en fonction des résultats obtenus. Si les leviers de l’agriculture régénératrice sont nombreux, ils peuvent néanmoins être classés en deux grands volets d’action : la gestion des cultures et des sols d’un côté et l’agroforesterie de l’autre. Le premier vise à agir sur la santé des sols, socle de base de l’agriculture régénératrice, et le deuxième permet de (ré)introduire l’arbre au cœur du système agricole. Chacun de ces deux piliers dispose d’un panel de techniques diversifiées, dont les grands principes sont décrits plus bas. Activés simultanément, leur complémentarité permet à Reforest’Action de mener des projets holistiques et générateurs d’impacts positifs.

L’intégration d’arbres dans l’écosystème agricole

La reforestation est le cœur de métier de Reforest’Action. Aujourd’hui orientée vers la mesure d’impacts, notre offre historique est forte de plus de dix ans d’expérience dans la restauration d’écosystèmes forestiers et agricoles, via notamment la maîtrise de l’agroforesterie. Sur ce dernier point, notre expertise de terrain approfondie nous permet de concevoir des designs visant à reconstituer la multifonctionnalité des systèmes agricoles, tandis que notre approche collaborative avec les agriculteurs garantit la durabilité des projets menés grâce à un suivi rigoureux.

À l’échelle de l’exploitation : l’agroforesterie

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Infographie des différentes typologies d'agroforesterie et leurs bénéfices

L’agroforesterie, ou agrosylviculture, est considérée comme une pratique majeure de l’agriculture régénératrice, au sein du concept d’agroécologie. Comme le précise Marie, Project Manager chez Reforest’Action et experte de l’agroforesterie : « L’agroforesterie désigne l’association de l’arbre et du milieu agricole. Ce système de gestion des terres peut exister sous différentes formes et pratiques, dont le point commun est l’introduction ou la gestion d’arbres et d’arbustes en périphérie et/ou au sein des parcelles agricoles. L’agroforesterie engendre de nombreux effets régénératifs positifs. »

Les différentes formes d’agroforesterie

« Les nombreuses typologies d’agroforesterie répondent à des objectifs différents et se différencient principalement par leur arrangement dans l’espace : haie périphérique et intraparcellaire, alignement d’arbres, îlot boisé, culture intercalaire ou mélangée, verger-maraîcher, pré-verger, ou encore forêt comestible. On parle également de sylvopastoralisme lorsque nous intervenons dans le cadre d’une activité d’élevage », poursuit Marie. L’intérêt et la pertinence de ces différentes implantations spatiales sont évalués lors de l’étude de faisabilité, en fonction de l’analyse du contexte et après qu’un audit de la zone agricole ait été effectué. Ces variantes peuvent être implantées sur des terres arables en région tempérée ou tropicale, à la seule condition qu’elles s’adaptent à la chaîne de production en place et génèrent les impacts attendus.

  • Haies et cultures intercalaires : les haies sont composées d’un mix d’arbres et d’arbustes très diversifiés et plantés densément. Cette densité permet aux plants de se tuteurer les uns les autres et de garder l’humidité au niveau du sol. Les haies peuvent être placées en bordure de parcelle ou insérées dans les cultures en plein champ, de manière à fragmenter les grandes parcelles. De la même façon, les cultures intercalaires forment des rangées alternées d’arbres et de cultures agricoles annuelles. Une fois adultes, les lignes de haies ou d’arbres touffus font office de brise-vue, de brise-vent ou de clôtures vivantes lorsque plantées en périphérie de terrain.

  • Alignements d’arbres et drèves : des arbres de plus ou moins haut-jet peuvent être plantés en rang le long des parcelles cultivées. Lorsque cette rangée borde une route, on parle alors de drève.

  • Îlots boisés et mélanges aléatoires : les arbres intégrés aux cultures ne sont pas forcément plantés de façon alignée. Il est possible de les regrouper pour créer un mini peuplement riche en biodiversité, qu’on appelle un îlot boisé, ou de les planter de façon isolée et aléatoire, à l’intérieur de la parcelle ou sur des zones difficilement cultivables.

  • Verger-maraîcher, forêts nourricières et cultures mélangées : il s’agit ici de construire des complémentarités pour intensifier la production en s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, à l’image de la permaculture. Ces associations entre cultures permettent de produire sur une même surface une diversité de plantes complémentaires. Ceci nécessite de maîtriser les dimensions de temps et d’espace pour aboutir à un équilibre entre les différents végétaux et productions, et obtenir une production abondante. Il s’agit du principe de l’agriculture syntropique. Le verger-maraîcher vise à associer une culture légumière et une culture fruitière, tandis que la forêt-jardin (aussi appelée forêt nourricière ou comestible) cherche à recréer les différentes strates et dynamiques d’une forêt naturelle via la combinaison de végétaux productifs diversifiés (plantes aromatiques, légumes, champignons, bois de chauffage, etc.).

  • Pré-verger et sylvopastoralisme : ces techniques se basent sur la complémentarité des animaux et des arbres. Créer un pré-verger consiste à planter de manières variées des arbres fruitiers sur un système agricole dédié à l’élevage, soit un pré ou un pâturage. Le sylvopastoralisme, quant à lui, désigne l’intégration d’une activité d’élevage au sein d’espaces déjà boisés. Il existe d’autres façons d’associer arbres et élevage comme la plantation de clôtures vivantes autour d’une zone de pâture.

La liste de systèmes agroforestiers ci-dessus n’est pas exhaustive, car il existe de nombreuses variantes permettant à l’agroforesterie d’être applicable à pratiquement tous les systèmes agricoles existants. Le point commun à l’ensemble de ces techniques est qu’elles requièrent l’expertise nécessaire pour sélectionner les essences d’arbres et d’arbustes adaptées à chaque configuration et contexte. Comme le spécifie Jean-Christophe, « la base de notre réflexion est le choix des essences à implanter en agroforesterie : quelles espèces pourront supporter huit mois de sécheresse ? Quelles essences produiront des fruits ou des fleurs à forte valeur ajoutée pour l’exploitation ? » Une fine connaissance des caractéristiques biologiques des espèces agroforestières envisagées (besoin en lumière et en eau, taux de croissance, ombre portée, etc.) est la seule façon de s’assurer à la fois de leur bonne cohabitation avec les cultures annuelles ou pérennes, et de leur adaptabilité aux caractéristiques de la zone agricole (type de sol, climat, disponibilité en eau, etc.). Malgré tout, une période de test sur une surface réduite est le meilleur moyen de garantir la viabilité du design agroforestier sur le long terme et à plus grande échelle.

En permettant la diversification des cultures et la multiplication des strates végétales, la mise en place de pratiques agroforestières génère de nombreux impacts positifs sur les cinq piliers régénératifs : le climat, le sol, l’eau, la biodiversité et le développement socio-économique des agriculteurs.

L'agroforesterie appliquée à la production textile et viticole

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En Inde, l’agroforesterie cotonnière

La phase pilote du projet développé en Inde par Reforest’Action, au sein de la chaîne de valeur textile de son client Kiabi, consiste à expérimenter la mise en place d’un modèle multifonctionnel via l’introduction d’arbres dans les cultures de coton. En 2023, des systèmes agroforestiers ont été mis en place sur une surface de 25 hectares, au sein des terres de petits producteurs affiliés à la coopérative partenaire. Ce sont plus de 11 200 arbres fruitiers dont des manguiers, des anacardiers et des moringas, qui ont été plantés par 78 producteurs de coton, selon un schéma d’agroforesterie intraparcellaire et en bordure de champs. La deuxième année du projet pilote, qui se poursuit en 2024, est réalisée en collaboration avec le CIFOR-ICRAF, une institution internationale de recherche spécialiste de l’agroforesterie. Ensemble, nous visons la plantation d’environ 30 000 arbres en agroforesterie sur plus de 280 hectares de terres appartenant à plus de 400 agriculteurs issus de 40 villages. L’objectif de ces premières années pilote est de tester plusieurs schémas agroforestiers en vue de leur optimisation, de sélectionner les producteurs de coton qui bénéficieront des plantations, de procéder à des consultations et d’organiser des sessions de sensibilisation à l’agroforesterie ainsi que d’évaluer la capacité opérationnelle et technique des coopératives partenaires au fur et à mesure de l’avancée des travaux.

Le volet agroforestier du projet aura de multiples effets bénéfiques, dont l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs au travers de la création de chaînes de valeur alternatives, induites par l’introduction d’arbres. Les essences fruitières, légumineuses et maraîchères choisies permettront en effet aux producteurs de coton biologique de générer des revenus additionnels et de renforcer leur sécurité alimentaire. Il s’agira également d’améliorer la structure des sols de l’exploitation, en proie à la sécheresse, et notamment d’augmenter leur capacité de rétention d’eau.

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Essais menés par le CIFOR-ICRAF dans le cadre de la production de coton dans l'État d'Odisha, Inde
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Agroforesterie dans une exploitation agricole de production de coton, État de l'Odisha, Inde

En France, l’agroforesterie viticole

La vitiforesterie est une branche de l’agriculture régénératrice, et plus particulièrement de l’agroforesterie, et consiste en l’intégration d’arbres au sein d’un vignoble. Dans les communes de Mailly-Champagne et de Cramant dans la Marne, Reforest’Action soutient son client, la Maison Mumm Perrier-Jouët du groupe Pernod Ricard, dans la conception et à la mise en œuvre d’un projet de vitiforesterie sur mesure. À Mailly-Champagne, les arbres sont implantés juste avant les vignes, ce qui permet de prévoir en amont l’intégration d’arbres en milieu de parcelle. A Cramant, les structures arborées se font en bordure de parcelle, créant de nouvelles continuités arborées. Sur 9,3 hectares de vignoble en production, les implantations agroforestières choisies sont particulièrement riches : elles se composent de trois haies bocagères intraparcellaires d’une largeur finale de 3,5 mètres, de plusieurs haies doubles en bordure de parcelles ainsi que de deux îlots de biodiversité. La plupart des implantations comprennent des arbres de haut-jet et chacune des haies est composée d’un minimum de 130 plants, jusqu’à 368 plants au maximum. Concernant le mix d’essences, il est constitué de 17 espèces différentes, dont du hêtre, du merisier, du noisetier, du cornouiller ou encore de l’orme champêtre. En moyenne, les haies se composent de 7,5 essences et les îlots de 8,5 essences diversifiées. Le design des plantations a été réfléchi de façon que les distances entre les arbres et les rangs de vigne permettent le passage du matériel viticole. L’arbre s’intègre alors parfaitement dans le vignoble.

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Plantation de haies en bordure de parcelle viticole en Champagne
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Plantation de haies intra-parcellaires au sein d'un domaine viticole en Champagne

À l’échelle du paysage : la restauration de forêts tampons

Les pratiques conventionnelles, dont le recours permanent aux fertilisants et aux produits phytosanitaires, dégradent considérablement les propriétés physico-chimiques et biologiques des terres depuis des dizaines d’années et entraînent un bouleversement des systèmes naturels qui dépasse l’échelle de la parcelle. Ce bouleversement est, entre autres, à la racine d’une pollution des sols généralisée, d’une perturbation du cycle de l’eau et d’une perte de biodiversité au point de mettre en danger l’ensemble de l’écosystème naturel, au-delà du système de production. L’agriculture régénératrice ne tient pas compte d’un modèle figé, mais plutôt de pratiques mouvantes visant la revitalisation de l’environnement dans son ensemble. En ce sens, l’optimisation recherchée peut inclure la mise en œuvre d’actions agroécologiques dans le milieu élargi au sein duquel s’inscrit la production agricole. Avec l’ambition d’optimiser la santé des sols, des écosystèmes, des animaux et des hommes, il s’agit de passer d’un état d’esprit productif à un état d'esprit régénérateur à l’échelle du paysage.

Les forêts à proximité des zones agricoles jouent un rôle majeur dans la résilience de l’écosystème local. Souvent dégradées et/ou érosives, elles peuvent faire l’objet de leviers de restauration dans le cadre d’un projet d’agriculture régénératrice. Il peut s’agir d’améliorer la couverture végétale de forêts existantes ou de créer des zones boisées là où elles avaient disparu. Restaurer les forêts environnantes permet avant tout d’assurer une continuité écologique cohérente, ou trame verte, entre la ferme et le paysage via la création de corridors de biodiversité. Agir sur les forêts riveraines ou ripariennes permet également d’assurer la protection durable du réseau hydrologique de la région, indispensable au bon fonctionnement du système agricole.

Des forêts autour des champs de coton

En Inde, le projet d’agriculture régénératrice appliquée à la production de coton biologique prévoit la plantation de forêts « tampons » autour de la zone agricole. En 2024, en partenariat avec le CIFOR-ICRAF, entre 8 000 et 10 000 arbres à usages multiples (manguiers, moringas, jacquiers, tecks, bambous, etc.) seront plantés sur des terres communales et privées. En incluant les forêts riveraines, les jachères et les terres agricoles dégradées, la surface cible à restaurer atteindra 50 hectares en 2024. Ce volet forestier permet d’élargir l’échelle du projet en misant sur la forêt pour soutenir la régénération de l’écosystème global et pérenniser la production de coton à long terme. Ici, le principal objectif se concentre sur la protection de la ressource en eau, menacée par la sécheresse et autres dérèglements climatiques majeurs. L'agroforesterie cotonnière combinée à la restauration des corridors écologiques offre une occasion unique de relever simultanément les défis écologiques et économiques auxquels est confronté le district de Balangir dans l’État de l’Odisha.

La modification des pratiques agricoles

L’agriculture régénératrice ne se limite pas à l’agroforesterie. Le sol est une composante majeure du courant régénératif et sa revitalisation vise à soutenir une agriculture optimisée et productive. Les pratiques dites intensives ont progressivement épuisé les sols par le labour, les traitements excessifs ou encore la répétition d’une même espèce cultivée. À l’inverse, les pratiques régénératrices cherchent à augmenter la teneur organique du sol et à protéger les habitats des micro et macro-organismes, permettant ainsi d’augmenter le stockage du carbone et la résistance à l’érosion, ainsi que d’améliorer la fertilité et l’infiltration de l’eau. Les principaux leviers agronomiques considérés comme régénératifs découlent de l’agroécologie, et sont notamment inspirés de l’agriculture biologique et de conservation des sols, ainsi que de la permaculture. En reconstituant la vie du sol plutôt que de l’extraire, ces formes d'agriculture génèrent des bénéfices écologiques, sociaux et financiers. En zones tropicales ou tempérées, Reforest’Action dépasse son cœur de métier historique pour proposer un réel changement de pratiques agronomiques à ses clients, en collaboration avec d’autres experts et partenaires du secteur agricole.

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Infographie des pratiques incluses dans le concept d'agriculture régénératrice

Les techniques de conservation des sols

Les pratiques de conservation des sols visent à améliorer leur structure pour, in fine, obtenir ce qu’on appelle une structure « grumeleuse ». Cette composition idéale présente un faible compactage, ou une faible densité, qui permet à l'eau et à l'air de circuler et aux racines des végétaux de s'enfoncer dans le sol. Pour y parvenir, plusieurs actions sont à considérer :

1. La réduction maximale (voire la suppression) du travail du sol : la technique du labour, qui consiste à ouvrir et à retourner la terre pour faciliter la pénétration des semences, perturbe fortement le fonctionnement biologique des sols, les rendant plus compacts et pauvres en biodiversité. La technique du semis direct ou de non-labour, qui consiste à semer directement dans les résidus de la culture précédente ou dans un couvert végétal intercalaire, sans travail du sol, permet de réduire les perturbations et de conserver l’intégrité de la couche superficielle où se trouvent les éléments les plus vivants et fertiles, tout en évitant le relargage du C02 dans l’atmosphère.

2. Le maintien d’un couvert végétal permanent : il existe plusieurs façons de couvrir les sols. La première consiste à utiliser les résidus des cultures précédentes, sous la forme de paillage ou d’amendements (couverture morte). « Une technique très intéressante en agriculture régénératrice est l’importation de matière végétale, sèche ou non. Après transformation de cette biomasse, le résidu obtenu est une super ressource pour un agroécosystème. On peut l’utiliser comme paillage pour protéger les cultures pérennes, mais également comme amendement des sols pour enrichir les terres agricoles », explique Jean-Christophe, en charge des projets d’agriculture régénératrice en zones tropicales. Une autre possibilité est la plantation de plantes de couverture en interculture, c’est-à-dire après récolte d’une culture principale (couverture vivante). Utilisées en couverture, les fabacées ou légumineuses ont notamment la capacité de fixer l'azote atmosphérique grâce à leurs racines et de restituer cet élément nutritif au sol au cours de leur décomposition. De manière générale, les couvertures végétales choisies permettent de protéger la surface de l’érosion, de maintenir l’humidité et de nourrir les micro et macro-organismes. Cependant, trouver le bon équilibre requiert de solides connaissances en agronomie : il faut par exemple s’assurer que le couvert végétal vivant ne concurrence pas les cultures suivantes.

3. L’allongement de la rotation des cultures : il s’agit de déplacer les cultures d’une parcelle à l’autre pour ne pas cultiver les mêmes végétaux sur le même sol pendant trop longtemps. Allonger la rotation des cultures, et donc limiter le retour trop fréquent de certaines cultures sur la même parcelle, tout en tirant parti de la complémentarité des espèces cultivées, est un bon moyen de favoriser la santé du sol, de maîtriser les adventices et de limiter les maladies.

4. L’utilisation de produits d’origine naturelle : de même que l’agriculture biologique, l’agriculture régénératrice incite les agriculteurs à se tourner vers des fertilisants naturels et organiques tels que du compost, du fumier ou du biochar (charbon végétal) et à éliminer toute sorte de produits phytosanitaires.

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Couvert végétal composé de tournesol, phacélie, radis chinois et fourrager, lin et de légumineuses dont la féverole, la vesce, le trèfle et le pois.
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Paillage du sol issu d'un couvert végétal décomposé
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Structure idéale (dite "grumeleuse") obtenue après passage en agriculture de conservation des sols depuis plusieurs années

Les techniques de gestion des cultures

La diversification des cultures est un pilier de l’agriculture régénératrice. Les champs en monoculture ne permettent pas la résilience de l’écosystème agricole et nécessitent une irrigation et un apport en intrants chimiques importants. En plus des impacts environnementaux positifs d’une production diversifiée, augmenter le portefeuille de cultures permet aux agriculteurs de ne pas dépendre d'une seule production pour générer des revenus. Plusieurs techniques de diversification existent : semer une culture intermédiaire entre chaque culture principale, intercaler d’autres cultures entre les rangs d’une culture principale ou choisir de diversifier sa production en cultivant plusieurs matières premières sur le même champ de façon simultanée.

Préserver les sols de l’agriculture cotonnière

En 2024, le projet pilote en Inde permettra d’expérimenter les autres leviers régénératifs envisagés par l’étude de faisabilité, dont plusieurs techniques de conservation des sols. Dans cette zone qui souffre de longues périodes de sécheresse, une couverture végétale sera implantée pendant les périodes creuses, entre les récoltes des fibres de coton. La plantation de légumes et d’autres plantes résistantes à la sécheresse sous la forme d’un couvert végétal vivant, et la mise en place d’un couvert végétal inerte, sont deux options envisagées pour protéger les sols pendant l’intersaison. Des essais seront menés avec certains agriculteurs pour trouver les essences intercalaires les mieux adaptées à une agriculture pluviale sans irrigation et à un climat qui varie au cours des saisons. En second lieu, la production de biochar issue de la pyrolyse des résidus de coton, déjà pratiquée par certains producteurs, sera favorisée. L’amendement des sols avec du charbon biologique permettra d’augmenter les rendements, en plus d’améliorer la santé du sol. Enfin, la réduction du travail du sol sera promue parmi les agriculteurs participants, via l’utilisation d’outils de culture peu profonds. En parallèle, les impacts de ces expérimentations sur les sols seront évalués en laboratoire par le CIFOR-ICRAF, via l’étude de paramètres physiques, chimiques et biologiques. D’autres techniques seront testées, dont la diversification des cultures via l'introduction de nouvelles plantes annuelles.

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Gestion des cultures et des sols appliquée à la production de coton, État de l'Odisha, Inde

Les multiples leviers activables dans le cadre d’un projet d’agriculture régénératrice requièrent une expertise agronomique et sylvicole. Le modèle porté par Reforest’Action inclut l’accompagnement des clients dans l'amélioration de leur chaîne de valeur et l’intervention au sein des exploitations pour y mettre en œuvre les leviers sélectionnés, dans une démarche de co-construction avec les agriculteurs.

Mais il existe une étape essentielle, condition sine qua non à la résilience des agroécosystèmes et à leur stabilité sur le long terme : la mesure d’impacts. « Lors du pilote, nous apportons une expertise et un soutien sur les techniques de monitoring, au travers du suivi des espèces implantées et des indicateurs clés que sont l’eau, le sol, la biodiversité et les dynamiques socio-économiques. Ce suivi est crucial pour évaluer la bonne mise en œuvre du projet ainsi que l’engagement des parties prenantes. Il permet également la mise en place d’une gestion adaptative dans la durée », remarque Jean-Christophe. Les indicateurs à mesurer sont définis lors de l’étude de faisabilité et s’accompagnent d’un plan de monitoring. La mesure d'impacts s'appuie sur des méthodologies approfondies développées par Reforest'Action, sur le terrain ou via des outils de suivi distant (par satellite).