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Saint-Léger-sous-la-Bussière : le Label bas-carbone au service de la restauration d’une forêt dégradée par les aléas climatiques

Décryptages

Situé en Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté, le projet de Saint-Léger-sous-la-Bussière vise à restaurer une forêt affectée par la tempête de décembre 2019, qui a déraciné 75% de ses arbres. Le projet est enregistré au registre du Label bas-carbone, qui valorise notamment des actions forestières permettant de stocker durablement le carbone atmosphérique à travers le boisement de parcelles ou la reconstitution de forêts dégradées. Justine Campredon, chargée de projets carbone pour Reforest’Action, explique l’intérêt de la labellisation pour ce projet, ses atouts et les bénéfices socio-économiques et environnementaux attendus grâce à la restauration de la forêt au-delà de son impact climatique.

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Qu’est-ce que le Label bas-carbone ?

Justine Campredon : Le Label bas-carbone (LBC) est un cadre innovant porté par le Ministère de la Transition Écologique et destiné à labelliser des projets de réductions d’émissions de gaz à effet de serre ou de séquestration de CO2 en France.

Ce label répond à un enjeu de relocalisation de la contribution carbone à une échelle territoriale. D’une part, de plus en plus d’entreprises désirent financer des projets locaux dans le cadre de leur stratégie climat, afin de contribuer à la transition écologique des territoires où elles sont implantées. D’autre part, nombreux sont les acteurs de l’Hexagone qui pourraient avoir un impact significatif sur l’atténuation du réchauffement climatique (sylviculture, agriculture…), mais qui ont besoin de financement pour assumer le coût de cette transition environnementale. Les projets labellisés bas-carbone permettent la rencontre de ces deux types d’acteurs en France, en associant des investissements financiers à des projets à impact sur le climat.  

En quoi consiste le projet de Saint-Léger-sous-la-Bussière, labellisé bas-carbone en août 2023 ?

Justine Campredon : Le massif de la Garde, situé en Saône-et-Loire, dans le Clusinois, était à l’origine constitué exclusivement de douglas. Il a été fortement dégradé par la tempête de décembre 2019, qui a provoqué le déracinement de 75% de ses arbres et le déséquilibre de l’écosystème dans son ensemble. Fragilisés, les douglas restés sur pied après la tempête sont tombés les uns après les autres lors de nouvelles rafales de vent. En l’absence de signes de régénération naturelle, la propriétaire a souhaité mettre en place un projet de reboisement pour restaurer sa forêt.  

Comment les essences ont-elles été choisies dans le design du projet ?

Justine Campredon : Au lieu de reconstituer une monoculture de douglas, le choix a été fait de diversifier les essences plantées selon leur exigence de station : des feuillus sur les sols profonds et un mélange résineux-feuillus sur les sols plus superficiels. Au total, 12 essences ont ainsi été sélectionnées (chêne sessile, cèdre de l’Atlas, pin laricio, douglas, pin maritime, mélèze, bouleau, châtaignier, chêne pubescent, érable, tulipier de Virginie).  

Comment sont calculées les réductions d’émissions permises par la mise en place d’un tel projet ?

Justine Campredon : Nos projets forestiers labellisés bas-carbone permettent de stocker durablement le carbone atmosphérique grâce à la plantation d’arbres, à travers le boisement de parcelles ou la reconstitution de forêts dégradées. Ces tonnes équivalent CO2 sont calculées sur 30 ans en faisant la différence entre :

  • Le scénario de projet, c’est-à-dire le nombre de tonnes de CO2 qui seront stockées sur 30 ans grâce au projet sur une parcelle donnée ;
  • Le scénario de référence, c’est-à-dire le nombre de tonnes de CO2 qui auraient été stockées sur 30 ans par la même parcelle si le projet n’avait pas été mis en œuvre.

Seule la séquestration « additionnelle » de CO2 est ainsi valorisée. Par exemple, le projet de Saint-Léger-sous-la-Bussière permettra de stocker 1168 tonnes équivalent CO2  sur 30 ans. Ces tonnes sont valorisées par le Label sous forme de réductions d’émissions potentielles.  

Quels sont les bénéfices d’un projet labellisé bas-carbone au-delà de son impact climatique ?

Justine Campredon : En déployant notre vision multifonctionnelle des écosystèmes forestiers, nous faisons en sorte d’intégrer l’ensemble des enjeux environnementaux et socio-économiques des forêts à un niveau ultra local. C’est pourquoi nous avons adossé des critères supplémentaires d’éligibilité à ceux imposés par le Label bas-carbone en veillant à éviter les effets d’aubaine et les pratiques dommageables qui peuvent les accompagner.

Autrement dit, nous ne sélectionnons que des projets de boisement et de reboisement aptes à générer une grande diversité de bénéfices environnementaux additionnels par rapport à un scénario de référence où le projet ne serait pas mis en place. Nous préconisons notamment un nombre et une diversité d’essences minimum et nous sommes particulièrement vigilants aux travaux de sol envisagés pour limiter les conséquences sur celui-ci.

Dans le cas du projet de Saint-Léger-sous-la-Bussière, le choix de 12 essences différentes en lieu et place d’une ancienne monoculture de douglas apporte une vraie plus-value pour la biodiversité et la résistance de la forêt restaurée face aux futurs aléas climatiques et biotiques. La création de bordures feuillues permet en outre d’assurer des continuités écologiques précieuses pour la faune et la flore locale. Les travaux conduits au niveau des sols en amont de la plantation ont été réalisés en potets et non en plein, ce qui permet de localiser très précisément les zones à reboiser et de minimiser l’impact des travaux sur l’état du sol et de sa microfaune. L’absence d’utilisation de produits phytosanitaires assure également de ne pas menacer les ressources en eau de l’écosystème.

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En quoi le Label bas-Carbone est-il une mesure incitative pour aider à la restauration des forêts ?

Justine Campredon : Le financement d’un projet labellisé bas-carbone est totalement volontaire, et peut s’inscrire dans les volets « Beyond value chain mitigation » des démarches SBTi et « Pilier C » de la Net Zero Initiative. Le marché carbone volontaire est une source majeure de financements, nécessaire à l’atteinte des objectifs climatiques grâce aux Solutions Fondées sur la Nature. A ce titre, l’ONU estime à environ 4 700 milliards de dollars la somme nécessaire à la restauration des forêts et à l’afforestation d’ici 2050.

Le Label bas-carbone y contribue directement en garantissant l’efficacité du financement et la qualité environnementale des projets aux entités qui souhaitent s’engager. Du côté de Reforest’Action, grâce à la projection des impacts générés par nos projets labellisés bas-carbone et leur suivi dans le temps, nous assurons à nos contributeurs la mise en œuvre de projets aux multiples bénéfices pour la biodiversité, le système sol-eau et le bien-être humain, au-delà du seul impact climat.  

Quel est le rôle de Reforest’Action dans la labellisation bas-carbone en France ?

Justine Campredon : D’une part, nous accompagnons les propriétaires forestiers à mettre en œuvre leurs projets de boisement ou de reboisement, comme celui de Saint-Léger-sous-la-Bussière, de la façon la plus vertueuse qui soit. D’autre part, nous proposons un portefeuille de projets labellisés de qualité à des entreprises engagées dans une démarche de contribution carbone. Reforest’Action est ainsi un opérateur incontournable du carbone forestier en France : notre équipe de chargés forestiers travaille main dans la main avec notre réseau de gestionnaires et de propriétaires pour identifier des projets éligibles à la certification partout sur le territoire et répondant à la fois aux enjeux locaux et aux besoins des entreprises.

  Depuis la création du Label bas-carbone, Reforest’Action a accompagné la labellisation et le financement de plus d’une trentaine de projets, s’inscrivant ainsi comme un acteur majeur de la certification carbone en France. Cette solution s’inscrit parmi la diversité de typologies de projets proposées par Reforest’Action, avec des objectifs communs : rendre les forêts plus résistantes, développer leur multifonctionnalité, préserver et développer les puits de carbone et de biodiversité de demain. Mais pour voir le jour, les projets labellisés bas-carbone ont besoin de financements, notamment ceux d’entreprises soucieuses de contribuer à la restauration des forêts.  Vous êtes une entreprise et vous souhaitez soutenir à votre tour la forêt française via un projet labellisé bas-carbone comme celui de Saint-Léger-sous-la-Bussière ? Contactez Reforest’Action pour donner vie à votre projet.