Qu’est-ce qu’une haie bocagère ?
Parfois appelées haies champêtres ou haies vives, les haies bocagères sont des clôtures végétales diversifiées, généralement plantées en bordure de terres agricoles. Très prisées par le passé, elles ont presque disparu de nos campagnes avec l’extension du remembrement. Elles formaient pourtant un paysage typique de l’Ouest de la France appelé « bocage » : une mosaïque de parcelles agricoles, de formes et de dimensions irrégulières, délimitées par des haies et bordées de chemins. Véritables structures végétales, les haies sont des écosystèmes à elles seules et présentent de nombreux intérêts écologiques et paysagers.
Paysage de bocageLa composition d’une haie de bocage
Une haie se compose d’une grande variété de plantes indigènes et, pour la plupart, de plantes vivaces (qui persistent plusieurs années) : arbres, arbustes, arbrisseaux, sous-arbrisseaux et autres végétaux de toutes sortes. Trois différentes strates coexistent :
- La strate herbacée : située au plus près du sol, cette partie se développe souvent de manière spontanée. Elle se compose généralement d’espèces fleuries locales, de graminées et de légumineuses. Parmi elles, on peut citer la mauve, le coquelicot, le vulpin ou le trèfle.
- La strate arbustive : elle contient des arbustes et des arbrisseaux qui rendent la structure plus large et touffue. Les essences les plus représentées comprennent l'aubépine, la viorne, le sureau, le fusain, le cornouiller ou encore la ronce.
- La strate arborée : dernière strate à se développer, elle est aussi la plus haute. Elle comporte des arbres de haut-jet, tels que le chêne pédonculé, le frêne commun ou le saule blanc.
Très souvent, une haie s’épanouit sur une zone légèrement surélevée appelée « talus ». Au pied du talus se trouve un fossé qui sert à la fois à stocker les eaux de pluie et à bloquer le développement des racines pour éviter qu’elles empiètent sur les cultures voisines.
Les différents types de haies bocagères
Il existe plusieurs types de haies. Leur composition exacte dépend en effet de la zone d’implantation, qui influe sur la nature des espèces végétales et animales et conditionne les bénéfices générés.
- La haie de plein champ est la plus commune. Elle délimite les parcelles agricoles et les pâturages, et forme un paysage renommé appelé « bocage ».
- La haie champêtre pousse spontanément dans nos campagnes. Elle se compose d’espèces locales adaptées aux conditions de sol et de climat.
- La haie vive est plutôt constituée d’arbustes et d’arbrisseaux épineux. À vocation défensive, elle permet de limiter les intrusions. Elle pousse naturellement sur des terrains laissés en friche, mais peut aussi être plantée.
- La haie ripisylve prend racine au bord d’un cours d’eau. Ce type de structures végétales se compose d’essences adaptées à un milieu constamment humide.
Quel est l’intérêt écologique, agricole et paysager des haies ?
Les haies présentent des intérêts nombreux et variés qui, en fonction des plantes qui les composent et de la zone géographique, seront plus ou moins importants. Pour cette raison, il est primordial de bien définir les objectifs visés au moment de la création de ces barrières végétales.
Les bénéfices des haies bocagèresLes bénéfices pour la biodiversité
Une haie est un mélange d’essences en majorité feuillues, qui favorisent le développement d’une grande biodiversité. Les trois strates mentionnées précédemment accueillent chacune une biodiversité différente.
- La strate arborée abrite en particulier les oiseaux, qui se nourrissent de ses fruits, mais aussi des ravageurs tels que les insectes parasites, les rongeurs et autres petits mammifères. Ils jouent alors le rôle d’auxiliaires de cultures.
- La strate arbustive, grâce à ses plantes vivaces, offre durant toute l’année de nombreux habitats et des sources de nourriture (fruits, baies, fleurs, etc.) à une faune variée : oiseaux, mammifères et insectes. Les arbustes sont aussi des zones de nidification importantes.
- La zone herbacée accueille quant à elle les insectes pollinisateurs, mais sert aussi de corridor de biodiversité, notamment dans les zones agricoles.
- Le fossé a également un grand intérêt. Cette zone souvent humide est un habitat de choix pour diverses espèces de batraciens, d'insectes et de reptiles.
À l’échelle du territoire, l’introduction de haies bocagères participe au développement de la trame verte. Cette dernière est un ensemble de corridors écologiques liés les uns aux autres qui, grâce à la continuité du couvert forestier qu’ils assurent, deviennent un lieu de passage et de vie pour la biodiversité.
Les autres bénéfices écologiques
Sur le plan environnemental, les impacts positifs des haies bocagères sont nombreux. Elles protègent et maintiennent les sols, notamment grâce au talus qui limite l’érosion pluviale et éolienne en freinant l’écoulement des eaux et en coupant le vent. L’infiltration et la filtration de l’eau sont aussi facilitées grâce aux racines et aux bandes enherbées présentes dans la strate herbacée. Par ailleurs, les arbres, arbustes et arbrisseaux divers stockent du carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.
Les bénéfices agricoles et économiques
Les haies qui délimitent les parcelles sont des atouts pour l’exploitation agricole. En effet, elles augmentent les rendements en rendant les sols plus fertiles. Situées autour des pâturages, ces clôtures naturelles fournissent de l’ombre et du fourrage aux animaux d’élevage. Elles sont aussi une barrière contre les intempéries, le vent et les autres aléas climatiques. Elles protègent les cultures des ravageurs grâce aux prédateurs qu’elles hébergent. Enfin, parce qu’elles permettent de produire de manière durable du bois de chauffage, des fruits, des noix, mais aussi des plantes mellifères, les haies diversifiées représentent un éventuel complément de revenus pour les agriculteurs.
Les bénéfices esthétiques et paysagers
Les haies bocagères remplissent une fonction paysagère indéniable pour les riverains et les touristes qui traversent les zones concernées. Emblématiques des régions françaises occidentales, elles ont donné leur nom à certains paysages, à l’image du bocage basque, breton, vendéen et normand.
Haie bocagère pluristrate (composée de plusieurs strates de végétation diversifiée)Comment réussir son projet de plantation de haies bocagères ?
Planifier son projet
Planter une haie dans son jardin ou sur ses parcelles agricoles est un investissement de long terme. Avant de se lancer dans un tel projet, il est nécessaire de réaliser un diagnostic de la zone et de définir ses objectifs. En fonction des caractéristiques du milieu et des bénéfices souhaités, les essences à privilégier ne seront pas les mêmes. Aussi, selon l’ampleur du projet, il faudra peut-être partir à la recherche de financements. Dans le cadre de son offre d’agriculture régénératrice, Reforest’Action accompagne les agriculteurs et les entreprises vers l’amélioration des chaînes de valeur basées sur le Vivant. L’introduction de haies est une des solutions que nous proposons à nos clients.
Préparer les sols et planter sa haie
La période de préparation des sols démarre en juillet et se termine en octobre. On commence alors à débroussailler et à désherber la zone préalablement identifiée. Il faut ensuite travailler le sol en profondeur et ameublir le terrain avant d’installer un paillage. Les arbres et arbustes choisis doivent être plantés entre novembre et février, en suivant le plan de plantation défini préalablement. Il est possible d’acheter un kit « prêt à planter » constitué d’un mélange d’essences présélectionnées.
Bien entretenir sa haie bocagère
Une haie peut évoluer librement, à l’image de la haie champêtre, ou faire l’objet d’un entretien régulier. Son entretien permet de conserver un équilibre entre l’exploitation des terres agricoles et le maintien du bocage. Pour ce faire, un plan de gestion est nécessaire et peut être fourni par les Chambres d’agriculture. De manière générale, les actions suivantes doivent être entreprises :
- La surveillance : au printemps et en été, surveiller l’évolution et la santé de la plantation, puis observer la faune et la flore qui s’y développent, afin d’en faire l’inventaire. Cette étape permet également de récolter les plants qui n’auraient pas survécu.
- L’élagage : couper les branches pour entretenir la haie et/ou empêcher qu’elle ne gêne l’exploitation de la parcelle ou qu’elle n’empiète chez les voisins.
- La taille : en automne ou en hiver, et tous les 2 à 3 ans, tailler les branches latérales de manière égale sur toute la surface pour ne pas perturber la reproduction de la faune. La taille doit être égale de chaque côté afin de conserver l’équilibre des végétaux.
- Le recépage : de mi-novembre à mi-mars, et particulièrement les premières années, couper les arbustes à leur base pour les densifier et les rajeunir, tout en produisant durablement du bois de chauffe et du bois énergie.
- L’enrichissement : de façon occasionnelle, planter de nouveaux spécimens pour remplacer ceux qui auraient dépéri.
Plantation d'une haie bocagère en bordure de parcelle viticoleAu travers de la pratique de l’agroforesterie, Reforest’Action œuvre à concilier arbres et agriculture depuis plus de 10 ans. L’agroforesterie est en effet un excellent moyen de réintroduire les haies dans le paysage agricole français. Si l’avis des agriculteurs sur le sujet est souvent partagé, les haies sont pourtant des structures agroforestières et agroécologiques majeures. C’est pourquoi elles font partie des solutions privilégiées vers une agriculture durable et régénératrice.
Vous êtes une entreprise ou un agriculteur et vous souhaitez planter des haies bocagères et générer de nombreux impacts positifs sur le Vivant ? Contactez un de nos experts pour discuter de votre projet.